lundi 30 novembre 2015

La vie et la mort

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Hélène:
Depuis presqu'un mois et demi, la nature semble figée. Bien que certaines plantes persistent obstinément dans leur déclin, le temps semble être coincé entre deux états: il n'y a plus une feuille dans les arbres, mais la neige ne semble pas pour autant vouloir s'installer.
 Aujourd'hui par contre, j'ai occasion de sourire, car malgré une paresse du mois d'octobre qui aurait dû être fatale à une de mes plantes préférées, celle-ci, après un mois à faire la morte, est en train de renaître!

Il s'agit d'un Begonia Rex, variété escargot. C'est une plante qui doit être rentrée à l'hiver et je lui ai fait passé - hélas! - le premier gel de la saison dehors. Les feuilles sont toutes mortes après ce gel, mais j'avais secrètement espoir que les racines aient survécu. La plante a donc passé le dernier mois devant une fenêtre à avoir l'air totalement défunte. Au point où j'ai failli abandonner et la mettre au compost. Une chance que j'ai persisté!
Pied de plante bien mort, mais baignée dans la lumière, une petite feuille nouvelle pointe.
 
Quatre petites feuilles toutes délicates, alors qu'éventuellement, un riche manteau blanc recouvrira tout le paysage. Bienvenue au jardin d'hiver 2015!

samedi 31 octobre 2015

Les succès et les échecs 2015 - partie 1

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Cîmes d'Anis Hysope (Agastache Foeniculum)
Article similaire de l'année précédente:

Hélène:
Après cette fin de semaine (troisième d'Octobre), le jardin est finalement fermé. Les gels auront eu raison d'une bonne quantité de tomates encore vertes et de basilic, que je n'ai eu le temps de cueillir pour les préserver. J'ai perdu mon Begonia Rex, variété escargot, par paresse, car je ne l'ai pas rentré à temps et ça doit être la chose sur laquelle je m'en veux le plus. Mais en vérité, cette année, le jardin était dédié à une toute autre chose: les haricots secs et ceux-là, je ne les ai pas perdus.
Étonnant comment le jardin de Juin semble ordonné. Rendu en fin Septembre, c'est un tout autre spectacle.

Fleur de fève Painted Lady.
Nous mangeons beaucoup de légumineuses ici: elles font parties des sauces spaghetti et chili ainsi que des soupes, variant de la lentille, au pois cassé, à la fève blanche. Des haricots sautés pour les plats mexicains (refried beans en anglais) au pois chiches dans le couscous. La logique dictait qu'il fallait un jour consacrer le gros du jardin à ce groupe. Aussi, voici les plantes de la photo du haut, de gauche à droite: la fleur rose et blanche très haute est un cultivar raffiné de l'asclépiade sauvage, suivi du feuillage bleuté d'un hosta. Vient ensuite une variété de fève qui se nomme Iroquois Cornbread. Si vous avez des yeux de faucon: entre cette masse verte et la clôture de bois, vous verrez un treillis vert sur lequel monte lentement une seconde variété de fèves, j'ai nommé Painted Lady dont la fleur seule vaut le détour.

L'arbuste aux feuilles vert foncé et bourgogne est un weigela suivi d'un autre hosta à la feuille bleutée (entre les deux, cachés tout au fond du coin du jardin, il y a deux pneus superposés qui font office de jardinière à courges dans laquelle j'ai fait poussé de la Burgess qui ne m'a malheureusement donné qu'une courge cette année). Tout de suite à côté de ce hosta et avant l'obélisque, une autre variété de fèves, la Pepa De Zapallo, qu'on nomme aussi Oeil du Tigre, est une variété chilienne dont la récolte s'est faite très tôt - avant toutes les autres, en fait. 
Fleurs et petites fèves de Scarlet Runner.

L'obélisque accueille deux types de nouvelles fèves, une fabuleuse variété qui se nomme Flagg qui a très, très bien fait et une au nom rigolo de GaGa Hut Pinto, aussi sous le nom de Seneca Pinto qui n'a pas si bien fait. J'ai aussi malheureusement voulu mettre une autre nouvelle variété, la Hopi Black, une variété type buisson, mais les patates ont pris le dessus et ont anéanti les chances de survie des fèves (c'est la masse de feuilles vertes devant l'obélisque). Mon éternel erreur est de toujours vouloir en mettre trop dans le même espace et il semblerait que la leçon doit se répéter éternellement avec moi!
Les fleurs de fèves varient en coloration, du rouge et blanc dans la photo plus haut, au mauve pâle ici, au blanc immaculé, au rouge sang...


Donc, sans plus attendre, quels ont été les succès?
Certaines fèves ont produit une grande quantité comme la Iroquois Cornbread (dans la photo ci-haut, c'est le plus gros pot avec des fèves bourgognes striées de minces lignes blanches), d'autres en plus petite quantité comme la GaGa Hut Pinto (plus petit pot - juste en-dessous du plus gros - avec des fèves aux tons de crème avec taches couleur café).
En haut à gauche: Iroquois Cornbread ; En haut à droite: mes deux préférées, les fèves noir et blanc, sont les Flagg et les bourgogne et blanc qui sont tachetées comme des petites vaches s'appellent Jacob's Cattle. En bas à gauche: Pepa De Zapallo ou Tiger's Eye ; Bas-centre: GaGa Hut Pinto ; Bas-droite: un mélange de Painted Lady et de fève espagnole, Scarlet Runner Bean.
 








 



De toute les fèves, les Iroquois Cornbread sont les plus abondantes, suivies de Flagg et Jacob's Cattle. Iroquois Cornbread et Flagg sont des variétés grimpantes (même si Iroquois était mentionnée comme une buisson, elle s'est fait un malin plaisir à s'étendre et à grimper où elle pouvait) alors que mes petites vaches sont de format buisson. Les Pepa De Zapallo ont été les premières à être récoltées, suivies de près par Jacob's Cattle. Les Flagg sont plus tardives, mais pas autant que les Scarlet Runner et les Painted Lady, dont plusieurs ont dû être récoltées fraîches, sinon je les perdais aux gels. L'image ci-haut à droite montre les dernières fèves récoltées, en grande majorité ce sont des Scarlet Runner et des Painted Lady. Que voulez-vous: la saison n'est pas assez longue ici pour que ces variétés fassent vraiment bien, même si elles restent parmi mes favorites! L'assiette de droite tient les fèves les plus petites qui doivent être congelées car elles ne sécheront jamais bien. L'assiette du bas contient un mélange de plusieurs variétés encore non triées. Les deux autres assiettes ont des Scarlet Runner et des Painted Lady à divers stades de séchage. À noter qu'à part ces deux variétés, mes autres variétés ont séché directement sur les plantes, ce qui est beaucoup plus simple et donne des fèves séchées de meilleure qualité que quand je les fais sécher sur le comptoir.

Mais où ai-je trouvé toutes ces merveilleuses variétés de fèves, me demanderez-vous? Chez ce merveilleux producteur de plusieurs variétés de légumes "heirloom". Heritage Harvest Seeds a une section dédiée entièrement aux fèves! C'est le parfait bonheur, pour moi! Viennent aussi d'eux mes capucines géantes de cette année et cette merveilleuse variété de Gloire du Matin (photo ci-haut, variété Clarke's Heavenly Blue).
 
Fraises entre du thym laineux et de l'origan doré.
Parmi les autres succès, les petits fruits sont, comme d'habitude, une belle réussite chez moi. Ça commence toujours avec les fraises, dont j'ai deux variétés. Celle de la photo de gauche dure environ 3 à 4 semaines et me donne un bol comme celui-ci tous les deux jours, environ. Il y a aussi les fraises alpines, une variété qui goûte presque le bonbon à la fraise. Celle-là dure toute la saison, avec un repos pendant les grandes chaleur d'août. Elle ne m'en donne qu'une poignée ici et là. Talonnant les fraises, il y a les amélanches qui durent elles aussi environ 3 à 4 semaines. Bien sûr, ces récoltes augmentent en quantité, puis déclinent durant cette période. C'est visible sur les photos juste en dessous: les amélanches ont commencé en force et les fraises sont en déclin.
Fleurs de tilleul, Cassis rouges (les 3 petites branches de fruits très luisants accrochées aux plats), gros bol d'amélanches et petit plat de fraises.
Une semaine plus tard encore, de belles amélanches ont été récoltées avec quelques fraises seulement. Suivent ensuite les framboises dorées que je récolterai jusqu'aux premiers gels, quoique, elles aussi prennent un repos vers le début septembre. Il y a tout de même un petit interlude entre la fin des amélanches (fin juin) et le début des framboises (milieu - fin juillet). C'est à ce moment que je ne cueille les fruits qu'en très petite quantité. Lorsqu'ils se récoltent en si petite quantité, il arrive souvent que je les mange directement sur place, devant le plant. Mais il y a d'autres occasions où j'utilise leur moindre nombre à d'autres fins. Voyez les images suivantes:


Pour rehausser un pouding au chocolat maison.

Quelques framboises sur les gauffres au sirop d'érable, avec café au lait et ricotta maison, cela fait un déjeuner sans pareil!

Et puis finalement, les framboises offrent des récoltes qui valent la peine! Cette année, mes plants de bleuets m'ont finalement récompensée de quelques fruits, mais ce n'était rien de remarquable non plus. Espérons que l'an prochain, la récolte sera plus grande! 
 Les tomates ont produit adéquatement, considérant que je ne les ai pas du tout planté dans l'espace de qualité que je leur avait concédé les autres années.
Récolte de tomates (grosses rouges: Pink Vernissage; petites oranges: Cherry Orange) et de fèves surtout Iroquois Cornbread, prise dans la feuille de vigne qui me fera (on espère) des raisins l'an prochain.
Et je n'ai pas non plus planté ma variété chouchou, celle qui fait une quantité de fruits incroyables; j'y suis allée pour deux variétés qui en font moins. Je prends habituellement la variété petit moineau blanc et cette année, ce fût la cerise orange et la Pink Vernissage qui étaient au soleil. Cette dernière, je l'ai surtout récoltée verte, malheureusement, comme vu sous la photo ci-bas.
Patates rouges et jaunes dans le panier (ceci n'est pas l'entièreté de la récolte), avec l'unique courge d'hiver, une profusion de tomates vertes avec une pomme jaune du marché qui, selon le truc, les fera peut-être rougir, des tas et des tas de fèves! Et enfin, la petite fleur jaune-orange à gauche est de la calendula, dont je garde les pétales séchées pour faire un baume contre l'eczéma pour cet hiver.
Voici la récolte mi-saison: quelques patates, quelques tomates, quelques fleurs de calendula, mais surtout plein de fèves (en haut, les noir et blanc sont Flagg, les bourgogne strié de blanc sont Iroquois Cornbread, les grosses brunes et crèmes du bas sont Painted Lady, les noires et violettes sont Scarlet et les 6 - oui 6 - petites ivoires et café du haut, gauche sont les GaGa Hut Pinto). Remarquez entre le bol de fleurs et l'assiette de fèves quelques fèves mises au rebut, car elles sont soit décolorées, soit fendues, soit extrêmement difformes.
Certains remarqueront peut-être quelque chose d'étrange: Les fèves Painted Lady sont supposées être orange et brun. Or, les miennes ne le sont pas. Elles sont blanc et brun. J'achète de nouvelles graines chaque année qui arrivent bel et bien orange et brun comme elles sont supposées; mais la récolte chez moi est invariablement de cette nouvelle couleur. Question de pollinisation croisée? D'éléments particuliers dans le sol? Je n'en ai aucune idée. Elles sont néanmoins absolument délicieuses.
 
À gauche, les parasols jaunes de l'aneth, les fleurs jaunes d'hémérocalles Bitsy, l'anis hysope, pas encore en fleurs au centre, et les têtes élégantes en rose et blanc de l'asclépiade.

Les échecs?
Tout jardin que je connais aura son lot d'échecs, en plus ou moins grande quantité: c'est juste une réalité du jardinier. Cette année, le pêcher n'a pas produit. On verra l'an prochain. Les concombres ont bien commencé, mais on subi une période de sécheresse et je ne les ai pas activement aidés à passer au travers. Le résultat m'a donné des concombres étranges qui présentaient une moitié mature et le restant, un petit moignon tordu. Et finalement, les brocolis qui ont bien poussé, mais dont le goût était tellement amer que j'ai préféré ne pas les récolter.

Après tant d'années, il n'y a sûrement pas eu de surprises?

Que si ! Et d'étranges, en plus. J'ai failli mettre l'aneth dans les échecs, car pas trop longtemps après le début de leur merveilleuse floraison (photo à l'appui plus haut), des cocons se sont formés dans les têtes florales, empêchant le bon port de graines (ce que je récolte). Disons que ça ne rend pas l'aneth très alléchant. Mais puisque c'est une plante qui revient année après année comme de la mauvaise herbe, je ne m'en suis pas trop fait. J'ai par contre demandé l'avis des experts de l'insectarium, comme je fais à l'occasion. J'ai mis quelques-uns de ces cocons dans un sac ziploc, prêt à être postés au cas où les experts auraient besoin de plus que de mes photos. Eh bien, pendant l'attente, une des petites bêtes est sortie de son cocon dans le sac! Et savez-vous de quel insecte il s'agit?

Il s'agit de Propylea Quatuorcimpunctata, qu'on appelle aussi coccinelle à damier ou apparemment... P-14. C'est une espèce qui se nourrit de pucerons et d'autres insectes à corps mou. Malgré leurs cocons, l'aneth a bien repris et j'ai fait une récolte très raisonnable de graines.
Récolte de graines d'aneth et, en arrière-plan, bédaine de minette.
 Une autre surprise marrante fût la quantité incroyable d'escargots retrouvés partout! Je les avais remarqué l'an passé, mais ils étaient présent en grand nombre cette année, assez pour en amener un à l'intérieur par erreur après une cueillette de basilic!

En conclusion, j'aimerais revenir sur le fait que dans un monde où la performance est toujours de mise, où l'échec est un signe d'erreur personnelle, je me dois de mentionner que ce n'est simplement pas les critères sur lesquels nous devons nous juger en tant que jardinier. Si c'était le cas, peu d'entre-nous se lanceraient dans l'aventure puisque le jardin, par notre main ou celle de mère nature, connaîtra des échecs. Il s'agit d'un monde constamment en mouvance, constamment en évolution. Certaines plantes, après un temps, s'effacent pour laisser la place à d'autres qui n'auraient peut-être pas bien fait au début. Ce n'est pas à prendre personnel, c'est tout simplement là pour être observé et respecté.
 

mercredi 30 septembre 2015

La bonne mine de la capucine

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Hélène :
Nous avons fait l'éloge des fleurs d'hémérocalle, nous avons décrit l'éclat de la fleur de bourrache, et chuchoté à propos de la douceur de la violette. Même si c'est un arbre, la fleur du tilleul a elle aussi capté toute notre attention. Dans cet article, je tiens à vous décrire la vivacité d'une jolie plante annuelle: la capucine (Tropaeoleum Majus).

De toutes les fleurs comestibles, c'est celle dont le goût est le plus prononcé et est étonnant:  la fleur a un goût poivré!

Louise :
Les capucines sont des plantes très intéressantes à faire découvrir aux enfants. En effet, leurs grosses graines sont faciles à manipuler par de petites mains, leurs fleurs sont très voyantes et abondantes et leurs feuilles en forme de bouclier sont rigolotes et très faciles à identifier.
Aucune partie de ces plantes ne sont toxiques, mais attention aux graines achetées pour faire vos semis : certaines compagnies les traitent avec un fongicide et dans ce cas, pas question d'en croquer et il vaut mieux se laver les mains après les avoir manipulées.
Cette précaution mise à part, en plus de la fleur, la feuille, la tige et justement... la graine immature et encore verte (grosse comme un pois) sont comestibles, saveur de poivre toujours au rendez-vous, et plus concentrée dans la semence. Cette graine peut être marinée et remplace très bien les câpres, d'ailleurs.
En cette fin Septembre, les autres plantes peinent. Pas la capucine. Elle fait encore maintes fleurs. Voici la capucine géante qui déborde allègrement de son espace attitré sur la pierre et qui escalade vers l'arrière les asclépiades. Elle ensevelit sous son passage la lavande et si la saison n'était pas si courte, je m'attendrais à perdre mon arrosoir et les jouets du jeune de la maisonnée sous toute cette exubérance végétale!

Dans une fraisière, deux variétés de capucines dont une à feuilles panachées.
Les plants de capucines sont offerts dans des variétés naines (30 cm - 12 po de haut),  normales, géantes ou même grimpantes (180 cm - 6 pi de haut). Les fleurs ont des teintes qui vont du jaune très pâle au rouge profond, en passant par l'orange et l'abricot. Il existe même quelques variétés au feuillage panaché de blanc.
De la capucine rouge, très rouge!


Comme plante compagne au potager, la capucine a le mérite d'attirer les pucerons à elle (pendant qu'ils festoient sur ses feuilles, ils laissent les autres plantes tranquilles) et d'éloigner d'autres insectes nuisibles. On peut la mettre à proximité de tout légume, mais elle est particulièrement utilisée près des tomates, des choux, des radis et des courgettes. Je sais que certains jardiniers la trouvent efficace au pied des arbres fruitiers.

Comme je l'ai déjà mentionné dans un article précédent, je ne plante pas beaucoup de fleurs annuelles dans mon jardin, mais les capucines font exception, car elles ont tant de qualités ! J'en sème toujours une demi-douzaine de plants.

Du même paquet de graines ont éclos des fleurs orange-feu et jaune-soleil.
 Hélène:
Quant à moi, comme vous le voyez, la capucine à sa place partout aussi; dans les plate-bandes, mais aussi dans les pots. Il m'est fréquent d'ailleurs de ne pas avoir à replanter des graines. C'est une autre de ces plantes qui revient facilement chez moi, si je prends soin de laisser quelques graines sur place. 
Voici une variété grimpante que j'avais placé dans une fraisière.


J'affectionne personnellement les fleurs en ajout dans une salade. Leur couleur vive apporte un "punch" inégalé à la laitue frisée verte, comme nulle autre fleur ne sait le faire. D'ailleurs, en faisant le ménage du jardin aujourd'hui, j'ai tant accroché la capucine que l'air avait une odeur poivrée! Sûrement pas assez pour éternuer, mais le parfum de la suspecte était particulièrement présent et plaisant.

Combat sauvage ici entre la patate et la capucine. Qui gagnera?

Et le comble du bonheur: alors que tout est en train de mourir et sécher au jardin, elle a toujours fière allure. En fait, c'est à la chaleur de l'été que la capucine peine chez moi et dès qu'il y a un petit vent frisquet, elle se ravigote et produit - semblerait-il - une dernière explosion de fleurs colorées, comme pour saluer la saison!
Récolte de patates juste aux côtés de la capucine. Cette dernière ne s'est pas offusqué de ce dérangement, elle reste très belle même si je l'ai presque déracinée!

mardi 18 août 2015

L'hémérocalle, un arc-en-ciel de possibilités

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Bol de fleurs pour concoctions légères. Les pétales de mes différentes hémérocalles sont ici groupées avec d'autres fleurs et herbes du jardin (vous voyez les fleurs bleues en étoile de la bourrache, la feuille ciselée de l'aneth, la petite fleur rose et magenta à 5 pétales de la mauve (Malva Sylvestris) ainsi que sa feuille dans le coin bas-droite du bol, le persil dans le fond et, dans le coin bas-gauche du bol, l'énorme feuille ronde de la capucine, ainsi que ses fleurs, cachées sous le reste), tout ça pour une délicieuse salade.
Hélène:
Nous avons déjà fait un article sur la comestibilité des pousses d'hémérocalles en mentionnant rapidement que les fleurs se mangent aussi, mais nous n'en avons jamais parlé en profondeur. Et pourtant! Puisque la fleur est si éphémère (elle ne dure après tout qu'un jour, d'où sont nom anglais "Daylily" -  lis d'un jour), je n'ai aucun mal à les utiliser à toutes les sauces.
J'en fais aussi des en-cas comme sur la photo à gauche, où je farcis de fromage Boursin au poivre deux fleurs d'hémérocalle (moins leurs pistils) que je ferme avec deux brins de ciboulette à l'ail. Je dois néanmoins y aller en petites quantités; si la pousse (la feuille) d'hémérocalle peut donner des crampes abdominales, les fleurs - bien que moins fortes - peuvent le faire aussi. La modération a bien meilleur goût, quoi. Il est à noter que les fleurs d'hémérocalles foncées ont tendance à avoir un petit goût métallique; les fleurs pâles sont donc préférables lorsqu'on les consomme.

 Mais je ne me contente pas de les utiliser que pour leur goût, non! Les hémérocalles sont tellement diverses en couleurs, formes et grosseurs qu'elles s'apprêtent bien à une fantaisie toute simple: j'en pare mes cheveux! Ça ne dure bien sûr pas toute la journée, mais elles ajoutent un brin de bonheur sans pareil!
...Au plus extravagant des couvre-chefs.
Du tout simple...




















Comme je disais, le choix dans les variétés d'hémérocalles est large, sûrement qu'il y en aura une pour vous! Et qui plus est, c'est une plante tellement facile au Québec, l'espèce 'Fulva' peut même être trouvée à l'état sauvage! Voici la petite sélection que j'ai réussi à intégrer à mon petit jardin de banlieue:
Pétales longues ou rondes, contour droit ou plissé, de rouge vif à un beige-pêche (en passant par les violets foncés et les jaunes francs), bien que la fleur soit éphémère, l'hémérocalle à tout pour plaire!

vendredi 10 juillet 2015

Le tilleul, arbre extraordinaire

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Hélène:
Saviez-vous qu'il existe un feuillu dont les feuilles peuvent être utilisées en salade? Et que ses fleurs font une tisane d'un arôme incomparable? 

Je vous invite à découvrir le Tilia, de son nom latin (Lime, Linden ou Basswood tree en anglais - le nom Linden provenant de la souche germanique Linde), mais pour moi, il s'appelle laitue vivace, puisque ses jeunes feuilles en forme de coeur sont délicieuses et puisque, tout au contraire de la pomme de laitue annuelle, il revient année après année. On s'entend que c'est beaucoup moins de travail dans le jardin.

Le tilleul  et l'homme ont une histoire commune qui remonte à loin. En Europe, le tilleul devient un des arbres symboles de la révolution française. Il est aussi, avec le chêne, l'arbre de la justice, car à une époque, les procédures judiciaires se faisaient en son ombre. L'arbre de la danse pour les nouveaux mariés, symbole de l'amitié et de la fête, il se trouve même sur le blason de la ville de Linthal (notez encore la souche germanique dans le nom de cette ville), en Alsace. L'odeur de ses fleurs en faisait un symbole sacré chez les chrétiens et ainsi plusieurs églises du moyen-âge avaient des tilleuls plantés à proximité.

Tisane de tilleul maison et amélanches du jardin. Quoi de mieux pour la pause de 4 heures.

 Personnellement, c'est par l'entreprise québécoise la Courtisane que j'ai découvert la tisane de tilleul. À l'époque, ce qui m'avait charmée de leur produit, c'était la simplicité des ingrédients: un seul, de la fleur de tilleul. Sans contredit, il s'agit d'une de mes tisanes préférées, à l'arôme divin, mais léger et qui donne un breuvage légèrement rosé. La fleur reste tout de même étrange: elle est cirée au toucher. Son parfum enivrant fait le plaisir des abeilles et autres insectes (il faut en effet bien nettoyer les fleurs avant de les faire sécher!). 
Il est quand même à mentionner que - selon le Wikipédia (français seulement, ce n'est pas indiqué dans la page similaire en anglais) et une autre source dénichée d'une recherche google - quelques rares espèces de tilleul sont toxiques pour eux.  Mais la grande majorité sont, au contraire, une source alimentaire importante pour ces derniers, assurez-vous donc de sélectionner une variété non toxique pour nos petits amis. Durant la floraison en début d'été,  ils sont si nombreux à fréquenter cet arbre qu'on peut entendre un bourdonnement continuel à longueur de journée.

Si vous récoltez vous-même pour faire vos tisanes, comme moi et Louise le faisons, vous pouvez prélever uniquement la fleur ou encore, récolter aussi les bourgeons, les fruits, les tiges florales et les bractées (ces "ailes" d'un jaune verdâtre, étroites et longues à la base des tiges florales). Selon mon expérience, les bourgeons et les fruits sont plus difficiles à faire sécher, mais sont quand même aussi bons. Le tilleul est aussi merveilleux en mélange: j'ai acheté une tisane à la Fête du chocolat de Bromont qui est un mélange de rooibos, fleurs de tilleul et agrumes absolument fabuleuse.

Fleurs de tilleul à sécher avec mon déshydrateur.


Mon tilleul est encore tout jeune: planté chez moi en 2013, il avait alors seulement 2 ou 3 ans; mais il me fait une quantité de fleurs impressionnantes et ses feuilles sont délicieuses.  Vous le voyez ici à gauche, avec de l'épiaire laineuse (Stachys Byzantina), des marguerites et une variété d'heuchère très foncée (les feuilles bourgogne à la base de l'arbre).

Lorsqu'il sera grand, le tilleul prendra, selon le cultivar, une belle forme conique ou arrondie. L'ombrage qu'il donne est dense et puisqu'il s'agit d'un arbre qui peut faire 35 mètres de haut, c'est un détail à prendre en considération lorsqu'on en plante un. J'ai planté le mien devant ma maison en espérant qu'il apportera un peu d'ombre à ma façade exposée au Sud-Ouest, car à l'intérieur, il fait très, très chaud lors de canicules.


La variété que j'ai est le Tilia Americana "Redmond" et je peux attester que le goût de la feuille est très bon. Parmi les autres variétés recommandées à cet effet, vous avez le Tilia Cordata "Greenspire" et le Tilia X Europaea, ce dernier étant recommandé par Martin Crawford, leader anglais des jardins forestiers (forest gardens) dans lesquels le tilleul détient une place d'importance. Si le sujet vous intéresse, je vous recommande deux livres écrits par Mr. Crawford: Creating a Forest Garden et How to Grow Perennial Vegetables. Bien que les deux livres soient en anglais et fassent démonstration de plantes en climat britannique (le sud de l'Angleterre, plus spécifiquement), ces livres sont tout de même d'une valeur incomparable, même ici, au Québec. 
Les jeunes feuilles restent préférables pour la consommation, car la feuille mature - quoique toujours comestible - devient coriace. Elle peuvent être utilisées en salade certes, mais aussi dans un potage ou un ragoût. Leur mucilage épaissit légèrement le liquide du plat auquel on les ajoute.  Bien sûr, les jeunes feuilles sont très abondantes au printemps, mais on peut quand même les cueillir tout au long de la saison estivale, tant que l'arbre produit de nouvelles feuilles, en fait. Par contre, la récolte est plus longue, puisqu'il faut prendre soin de sélectionner les feuilles suffisamment jeunes.

Le vert franc de ces feuilles annonce qu'elles ont déjà un certain âge. 
Mais les plus petites sont encore minces et tendres. 

Ces feuilles vert pâle sont plus récentes et donc, plus tendres.
Ces petites excroissances rouges sont causées par la gale cornue du tilleul
Elle n'affectent en rienla santé de l'arbre, mais si on tient 
quand même à s'en débarrasser, il existe des traitements naturels.
Louise: 

Je confirme la déclaration d'Hélène : les feuilles de tilleul sont délicieuses. En salade, je les utilise en mélange avec d'autres verdures. J'en garnis mes sandwiches et j'en ai déjà ajouté à des smoothies de petits fruits. 

Quand je travaille dans le jardin, j'aime bien aussi en grignoter quelques-unes au passage. J'ai remarqué qu'une dizaine de feuilles suffisent souvent à me faire patienter jusqu'au repas. Pas surprenant, car elles contiennent une bonne dose de protéines. On peut d'ailleurs les moudre finement pour en faire une farine verte très nutritive. Je n'ai pas encore essayé, mais un jour, je vais bien trouver le temps d'en produire. Il parait qu'on peut tirer 300 g de farine à partir d'un kilo de feuilles séchées. Il me reste aussi à les utiliser en pesto, à goûter les bourgeons et à voir si on peut congeler les feuilles pour usage ultérieur. J'imagine que oui.

En permaculture, le tilleul est un des arbres particulièrement affectionnés, car ses usages sont très nombreux. 
- C'est un arbre très ornemental qui peut faire un bon brise-vent et qui peut aussi servir de support aux vignes à raisin.
- Il résiste aux sécheresses aussi bien qu'aux inondations et aux tempêtes. Certaines variétés sont plus résistantes que d'autres au poids de la neige et du verglas.
- Ses feuilles peuvent être données à manger au bétail. Je sais d'expérience personnelle que les lamas et les cerfs de Virginie en raffolent et qu'ils mangent aussi les jeunes rameaux. 
- C'est un accumulateur dynamique de potassium et de calcium. Ses feuilles sont donc bienvenues comme apport dans le compost ou dans le paillis.
- Il supporte très bien l'émondage (pollarding, en anglais), et aussi l'entretien en taillis  (coppicing, en anglais), deux techniques très répandues en Europe pour exploiter plusieurs espèces d'arbres, mais très peu connues en Amérique. En fait, ces techniques ont même pour effet de prolonger la vie du tilleul. L'entretien en taillis ou l'émondage, pratiqué tous les 2 à 7 ans permet d'obtenir des branches assez basses pour faciliter la récolte des feuilles. Pratiqué moins fréquemment, les branches sont plus longues et plus grosses. Par contre, le fait de tailler un tilleul l'empêche de fleurir, généralement.
 - Ses grosses branches peuvent servir de bois de chauffage, de poteaux, de perches, ou encore de bûches supportant la culture des champignons. 
- Ses branches plus petites sont assez flexibles pour être tressées en paniers.
- Son bois est utilisé en ébénisterie et en lutherie, entre autres usages. Il se sculpte aisément. 
- À partir de son écorce interne, on peut fabriquer de la corde, des tapis et même du tissu. 
- On peut recueillir sa sève (durant le débourrage des bourgeons), comme on le fait pour les érables (encore une chose que je n'ai jamais essayée). On peut la boire telle quelle ou la faire bouillir pour obtenir du sirop, mais le sucre est très peu concentré, alors il faut bouillir de grandes quantités de sève pour obtenir un peu de sirop.
- Il a des propriétés médicinales et est utilisé en parfumerie.

Hélène

En conclusion, cet arbre qu'on peut manger et boire, qui offre une ombre intéressante, qui est d'une grande beauté et qui partage avec l'homme un passé si riche, c'est un cadeau de la nature!
Si le tilleul et les marguerites sont symbole s'amitié, mon entrée de maison en devient invitante! Ce petit îlot de fleurs devant chez moi devient aussi un arrêt obligatoire pour une variété de pollinisateurs qui rendent visite au trio: l'épiaire laineuse (les cimes grises avec fleurs violettes), les fleurs de tilleul (on voit que celles-ci sont maintenant de petits fruits verts) et la marguerite.